Robert Weismann : correspondance d’un poilu
La future marquise de Bérenger correspond de 1914 à 1919 avec un ami médecin militaire, Robert Weismann, envoyé au front. Cet ensemble de lettres constitue un passionnant témoignage …
Robert Weismann © Château de Sassenage / Archives
« Ma chère Pierrette, Me voilà de nouveau en terre d’exil réduit à vivre avec des souvenirs […] J’ai trouvé à mon retour le secteur agité et j’ai fort affaire, mon confrere de service venant d’être blessé au cours d’un violent bombardement de notre poste de secours où j’ai perdu aussi un de mes brancardiers. Aujourd’hui, les Boches ont bombardé notre cantonnement avec de grosses marmites [obus], il y a longtemps que cela ne les avait pas pris. Le capitaine d’une de mes compagnies qui est un de mes amis a été blessé et j’ai eu un sapeur tué. Il y eu d’autres victimes. En somme c’est notre vie ici : passer par alternatives brusques d’une inaction presque complète à un travail trop intense ».
Pierrette épouse Raymond de Bérenger en 1922, et le couple s'installe dans un premier temps à Paris.
La famille et le domaine sous la seconde guerre mondiale
Dès les années 1930, le couple réside principalement boulevard Courcelles à Paris, et au château de la Bothelleraye, délaissant celui de Sassenage.
En 1936, craignant que son épouse ne puisse gérer et entretenir seule les biens familiaux s’il venait à disparaître, Raymond commence à rechercher des acquéreurs sérieux pour son château à Sassenage. En 1939, lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale, Raymond n’a toujours pas trouvé d’acheteur et le château fait l’objet de réquisitions. Ainsi, du 10 septembre au 30 novembre 1939, on installe dans la demeure un service d’intendance pour les besoins de la défense nationale puis, en avril 1942, un bureau de chômage du secrétariat d’état au travail.
Afin d'éviter d'autres réquisitions, le marquis demande et obtient en août 1942 le classement du château et du parc au titre des Monuments historiques.
Malgré cette démarche, le domaine est à nouveau occupé. Au mois d’août 1944, une formation allemande s’installe au rez-de-chaussée et fait paître ses chevaux dans le parc. En septembre, sur ordre de la Préfecture, le château est réquisitionné au profit d'une formation américaine comprenant sept officiers, une quarantaine de soldats et quelques camions. La population féminine de Sassenage est alors conviée à un grand bal populaire organisé par les militaires dans la grande salle du rez-de-chaussée. Raymond de Bérenger demande l’appui de Charles Halley, architecte en chef des Monuments historiques sur Paris, pour mettre un terme à cette réquisition.
Enfin, de juillet à octobre 1945, seules les dépendances du château seront occupées par une troupe de l’armée d’Afrique.
Les pilotes à Pipriac !
Durant la seconde guerre mondiale, Raymond et son épouse résident principalement au château de la Bothelleraye, à Pipriac (Bretagne). Pierrette et Raymond y cachent des pilotes américains originaires du Minnesota, de Californie, du Texas et du Michigan. En remerciement pour cet acte, la Marquise recevra un courrier signé par le Président des Etats-Unis, Dwight Eisenhower, aujourd’hui encore conservé au Château de Sassenage.
Le Château de la Bothelleraye © Château de Sassenage / Archives
Un des pilotes accueilli par les Bérenger se nommait Sidney J.Elkes et était originaire du Texas. Parachuté sur Nantes le 23 septembre 1943, ce Lieutenant faisait partie du 379e Bombardment group. Après une mission de vingt jours il est parachuté une seconde fois sur le territoire français (peut-être est-ce à cette issue qu'il est caché à la Bothelleraye) ? Il se rend ensuite en Espagne et repart aux Etats-Unis.
Ouvrir les lieux au public et connaître les collections...
Après la seconde guerre mondiale, Pierrette, devenue veuve, revient au Château de Sassenage et décide d’en apprendre plus sur les collections. Elle établit plusieurs inventaires et contacte de nombreux spécialistes afin de mieux connaître les œuvres présentes au Château. C'est notamment grâce à ces recherches que nous connaissons l'histoire de la majorité des objets exposés et conservés au Château de Sassenage !
En 1971, sans héritiers, elle lègue le Domaine de Sassenage et ses collections à la Fondation de France (créée en 1969), avec la volonté que la mémoire de la Maison Bérenger-Sassenage soit préservée, et que les lieux soient ouverts au public.
Croquis de jeune femme, par Lucie de Bérenger, 19e siècle © Etienne Aymard Duvernay / Château de Sassenage / Collections
Photo du bandeau © Etienne Eymard Duvernay / Château de Sassenage
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